Le Smout Festival, c'est un esprit, un concept!!
D'abord, pour mémoire, rappelons qu'il a été itinérant (de Caestre à Dunkerque en passant par Hazebrouck). Cette année, c'est à Aire-Sur-La-Lys, charmante bourgade des Flandres, qu'il pose sa scène. Ensuite, la rumeur dit que si le Smout déménage aussi souvent, c'est à cause des bastons générales qu'il engendre (le flamand est réputé pour être souvent roce!). Enfin, c'est le 10ème et il est toujours aussi passionné, pas découragé, et mené par la même équipe depuis 10 ans (le Doc et Babeth notamment). Ce qui en fait un festival à envergure régionale tout à fait familial, chaleureux à souhait, sans être amateur (quoi qu'en disent les médisants).
Samedi 7 juillet, c'était déjà le Day 2! Le Day 1 était plus une mise en jambe, un tour d'échauffement, un test avant décollage qui voyait défiler un tas de groupes dans les troquets du secteur. J'ai pas eu d'échos particuliers, si ce n'est qu'apparemment Costa Gravos et Poncharello ont marqué le coup puisqu'ils reviendront en 2008 sur la grande scène.
Dés 14h ça commence à chauffer, et pas qu'à cause du soleil qui se plaît à déjouer tous les plans des météorologues qui prédisaient pluie, vent et froid. Cette année, 4 groupes vont défiler pour le tremplin. Chacun est parrainé par des "anciens" et le vainqueur gagnera 500 Euros.
On est arrivé vers 14h30. On a donc juste entendu les derniers mots du groupe qui ouvrait le bal.
On a en revanche suivi le set des Neverlate, un quintet de petits djeunz lillois parrainé par Carving, tombés sans doute très jeunes (avant hier) dans le pop punk et qui ont bien retenu leurs leçons. Enfin, quand je dis pop punk, et on sait tout l'amour que j'ai pour cet ersatz de musique, je veux dire le punk de Bush, celui qui fait semblant d'envoyer le bois, qui se la joue rebelle contre les méchants qui font la guerre, tout en soignant l'image et le look H&M, le fute slim moule bite avec poutre apparente, la ceinture à clou et les tatouages à la M Pokora (d'ailleurs le chanteur de Neverlate pourrait passer pour M Pokora, par le look et par la jeunesse de ses fans prépubères lookées comme à un gala de Tokio Pleymo Hotel). Bref, pour pas épiloguer là dessus pendant des plombes, on leur accordera l'intention à défaut de la perfection. Bah oui, c'était pas carré, pas juste, brouillon. Le son était bon par contre, gros, gras, avec ce "festival style" cher à nos cages thoraciques (mais si, quand le kick de la batterie nous fait boum boum dans la poitrine!!).
Puis Monroe Est Morte prend la scène, après les présentations d'usage du présentateur un peu chafouin, qui peine et s'avoue vaincu au lieu de nous embarquer vraiment avec un 2ème degré qu'il faut à ces occasions là.
Monroe Est Morte sont aussi lillois, parrainés par Ace Out. Ils font un peu sensation en ce moment sur la capitale (Lille bien sûr), à cause d'une démarche cohérente très rock'n'roll et de l'indéniable personnalité qui se dégage du groupe. Monroe Est Morte est un quintet qui allie textes en français et grosses guitares à la Queen Of The Stone Age. Efficace. Le groupe est solide, ça se voit (des ex-Kinetic notamment) et maîtrise son sujet. Si ce groupe ne décroche rien cette année (contrat ou énorme buzz), c'est que le système est vraiment foutu...
Très bonne impression donc.
MONROE EST MORTEVidéo (extrait): https://www.youtube.com/watch?v=d7t-MSr_pF8
Mon camarade Dudin, membre du jury qui évalue les postulants du jour, me montre ses notes, ses critères... Il est un peu gêné de ce rôle attribué.
Mais bon, grosso merdo, il est assez d'accord avec moi.
Le Léon Zitrone local reprend le micro histoire d'émailler le changement de plateau de petites vannes pourries. On se retire à la buvette, commence à faire soif...
Boom Boom Club (parrainés par J Funk je crois) prend la relève et le funk s'empare de nos corps!! Imaginez la musique de Sinclair, hyper chiadée, hyper groovy. Ca le fait hein? Bah ouais ça le fait... Le bassiste me fait halluciner dans son look improbable de grand escogriffe!! Sa basse vert pomme lui va à ravir! Il y a de la matière à tube, du groove de plage, du hit pour compiles AZ. Sauf qu'il manque une sacrée présence au chanteur. Comme le dira mon collègue Dudin, "il donne pas envie de faire l'amour avec lui!", ce qui est un comble pour un chanteur de groupe funk... J'ajouterai avec un humour 667éme degré, qu'il devrait changer de fringues aussi... Belle bête le gaillard, un physique de portier et une voix d'ange. Il a été repéré par James le batteur des Marcels, qui joue avec eux normalement, et qui souhaite les coacher pour en faire les Maroon 5 français. Paraît que le chanteur officiait dans le métal auparavant... Ca mène à tout, la preuve...
Il a une voix qui rappelle presque celle de Cornell (Audioslave, Soundgarden), en plus suave. Ouep, ce type a du potentiel. A suivre!
Jean Pierre Foucault nous achève à coups de blagounettes et de johnnyhallydayismes accablants pendant que Tronckh se prépare. Ils sont parrainés par Tang, alors ça doit être quelque chose. On ne connaît pas ces boulonnais là. Le nom me dit forcément quelque chose puisque le nouveau gratteux de Tang était un membre de ce combo côtier, mais musicalement, ça ne me dit rien du tout. Leur set va pourtant mettre le foutoir! Et c'était assez bien organisé qui plus est!! Carrément organisé même, ou alors c'est leur état naturel et ils sont fous à lier!!! Décrire Tronckh, c'est décrire le tsunami ultime, c'est indescriptible... J'ai bien essayé, mais le temps de recoller les morceaux de mon cerveau, les bougres étaient déjà passés à la destruction d'une autre planète. Mais que fait la police de l'espace? Je vous le demande... C'est pas du métal, sinon j'aurais pas aimé, c'est pas du free jazz, j'aurais mourru sur place, c'est pas du grind, les morceaux faisaient plus d'1 minute... C'est du portnawak-core, du destroy-your-cervelle-core... Henri Dés qui jamme avec System Of A Down, des extra terrestres qui violent des chèvres en chantant l'hymne du Kazaksthan occidental, bourré à la Vodka frelatée polonaise... Un joyeux bordel où chacun joue dans son coin sa partition de fin du monde, tout en restant hyper carré et barré. Un hold up mental et musical, une claque à tous les prérequis, préjugés en la matière. Enorme surprise, énorme coup de boule musical. J'ai toujours pas capté où j'étais et si j'en suis revenu indemne... A voir absolument avant de mourir, ça requinque une dernière fois avant d'aller saluer le grand barbu!
Fin du tremplin, début des hostilités entre les parrains!!
Quelques palabres, scoops et mondanités plus tard (Bastien de Tang, Olive de Carving, un United Bastard en vadrouille, Krissy des Monroe, Bulle de Blewjob), je découvre J Funk sur scène. C'est du funk de fanfare, les vainqueurs du tremplin de l'an passé. Ok, c'est funky, ça groove baby, ça groove! Mais les Blues Brothers le faisaient mieux, en plus blues forcément... mais mieux.
J FUNKBenjamin Castaldi nous remet une couche avant Tang (le groupe en poudre dixit les Tronckh). Et du coup, c'est toute l'équipe du festoche, le Doc, Babeth et d'autres qui déboule pour faire pleurer les chaumières en se rappelant les débuts, il y a 10 ans, quand Tang étaient en culottes courtes, eux les enfants du pays qui ont joué tant de fois au Smout... Fierté locale exacerbée, on sent le flamand patriote. Et puis on vient annoncer le résultat du tremplin. Le trampoline oui plutôt! C'est Tronckh qui rafle la mise, avec la Palme d'or du coup de coeur pour leur batteur en prime. Boom Boom Club repart avec le 2ème prix. Heureux veinards.
Les 4 Tang prennent la scène, et c'est le cas de le dire, occupent l'espace sonore et visuel (par la configuration scènique frontale, batterie à droite). Ca fait un nombre d'années incalculable qu'on a pas vus nos copains Tang. Je crois que la dernière fois, c'était en 2002, quand on les avait fait jouer au Cambridge à Arras, avec Clever Cloud. 2001, 2002 ou 2003, bref, il y a un siècle! Depuis les petits ont bien grandi et ça fait super plaisir... C'est du sérieux, il y a une démarche artistique cohérente, une éthique, un univers très particulier qu'ils sont les seuls et les meilleurs à défendre. C'est du grand art. Respect éternel et total pour leur travail et leur personnalité. Le bémol viendra des gens du public, qui pour la plupart ne comprendra pas cette musique trop intense, anti-lumineuse mais brillante (le flamand ne vole pas dans les hauteurs, il préfère rester les pieds dans l'eau)... Et la sono aussi, qui comme par hasard, crachera ses poumons et le reste sans pouvoir lutter contre le mur sonique de Tang. Sans être à tomber par terre, le show de Tang n'en fût pas moins épique, intense, relevant du combat entre Hector et Achille, de David contre Goliath... C'est une musique qui possède un souffle, un héroïsme. Emocore ça s'appelle. Beau final.
TANGVidéo (extrait): https://www.youtube.com/watch?v=cufcBuJKr7o
Michel Drucker s'en revient présenter les suivants. Présenter Carving, c'est déjà avoir du temps, ensuite avoir de la mémoire, et enfin être un expert-historien-musicologue. Presque 13 ans d'âge et 10 fois plus en nombre de musiciens passés par la moulinette Carving. A tel point qu'il ne reste plus que le chanteur aujourd'hui à posséder son label d'origine contrôlée. Comme pour Tang, il faut que je me souvienne quand avoir vu ce combo à roulette jouer pour la dernière fois... 1998? Arras? Possible... C'était avant guerre (celle du pétrole). Le style est toujours aussi mixé: reggae, punk à roulette, festif à cuivres, punk rock old school... Bref, une véritable encyclopédie vivante et endiablée du rock de skaters. Mais la faim commence à tirailler nos estomacs. On s'arrache donc à la baraque à frites du bout de la place. Il y a du monde dans la file mais les gens sont patients (le flamand est réputé aimer faire le pied de grue!). Pendant ce temps, les Carving font la fête. Leur chanteur est une bête de scène incroyable, un ludion sauteur, un Mick Jagger black et punk, un monstre d'énergie communicative, un showman complet en plus d'être un excellent chanteur, pour qui tout semble facile... Leur bassiste en fait des caisses, dans l'humour x-ième degré, surtout lorsqu'il appellera sur scène le Doc (qu'il affublera d'un surnom pas très sympathique). Choquant.
Fin de l'épisode Carving, avec une tripotée de jumpers sur scène pour un final spécial dédicace et "big up à tontons...". J'ai décroché j'avoue...
Je retrouve le cousin Dudin avec qui on parlera bizzness, chiffon, boulot et avec qui on se racontera nos souvenirs d'anciens combattants du rock indé. On retrouve aussi Bulle à la friterie pendant qu'un horrible groupe lillois aux manières exaspérantes se trémousse sur scène dans une espèce d'éléctro pop dance édulcorée de tout soupçon de créativité. Sarazvati c'est vraiment pas notre came!!
Didier Super le fût sans doute, mais sans nous. Les Suprêmes Dindes le furent sans doute, mais sans nous. Quant à Ace Out, les Sugar Ray de la Californie lilloise, programmés en dernier, vers 23h30, ils ont paraît-il fait très fort en clôture de ce 10ème Smout Festival. Mais on était déjà "out".